Livres sacrés et livres scolaires : la contradiction sur l’Afrique

L’Afrique est présentée comme une terre d’hospitalité dans les livres sacrés tandis que les livres scolaires présentent l’Afrique comme une terre sauvage. Cette contradiction flagrante  est à la base de la présente réflexion. Quatre points sont développés à ce sujet : 1) L’Afrique dans les livres sacrés : terre d’hospitalité 2) L’Afrique dans les livres scolaires : terre « sauvage »  3) Livres sacrés et livres scolaires : contradiction et controverse 4) Quid de l’incompatibilité entre science et religion.

  1. L’Afrique dans les livres sacrés : terre d’hospitalité

Abraham, reconnu comme étant le patriarche aussi bien des juifs, des chrétiens et des musulmans, s’était réfugié durant un temps en terre africaine où il avait fuie  une famine.

En effet, Abraham n’a  fui  ni en Europe, ni en  Asie, ni en Amérique, mais en Afrique. Car  chaque fois qu’il y avait  famine, les populations se réfugiaient en terre africaine et près du Nil, fleuve d’Afrique.  Les récits d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Joseph, de Moise bref de 430 ans de présence des Hébreux en terre africaine relatent ce fait.

Ceci étant, les livres sacrés (Bible, Coran et Torah) attestent le fait que l’Afrique était en avance sur les autres continents, terre de refuge en cas de famine. Car, le livre de genèse décrit comment  l’Afrique a développée l’intelligence pour lutter contre la famine en rationnalisant la nourriture et l’eau du Nil grâce aux valeurs de l’humanité : solidarité, hospitalité, non-violence, gouvernance…

Outre l’Egypte, les valeurs de l’humanité ont été observées dans presque tous les royaumes, empires ou chefferies en Afrique, ainsi on parle de la solidarité africaine, d’hospitalité africaine…

  1. L’Afrique dans les livres scolaires : terre « sauvage »

Mais l’Afrique est présentée dans les livres scolaires comme une terre « sauvage ». Car durant la traite des noirs, ses populations  enchainées, étaient présentées comme des peuples cannibales ou anthropophages se nourrissant de chair humaine.

Ceci étant, il n’y a pas grand-chose  à étudier sur  l’Afrique « sauvage », « continent sans écriture, sans histoire et sans civilisation ». Voilà la raison qui semble justifier l’absence de l’Afrique dans les manuels scolaires  en occident, dans le monde arabe, en Asie voir même  en Afrique où à peine quelques royaumes sont étudiés.

En fait, l’absence de l’étude de l’Afrique dans les manuels scolaires est la conséquence de l’effacement de  l’histoire de la naissance de l’humanité en Afrique, terre d’hospitalité, par l’Europe.

C’est ainsi que le mouvement « sauvons l’histoire » a été lancé en France,  afin de sensibiliser les Français contre l’effacement de l’histoire à travers des titres comme: « où sont passés les Pharaons », ou encore « Ce que nos enfants n’apprendront plus », publiés dans Historia.

La thèse de l’Afrique « sauvage » est  véhiculée dans les manuels scolaires par  la théorie de l’évolution qui énonce que les hommes, en particulier l’africain,  est un singe qui a « évolué » en acquérant la parole et une posture droite : « le singe debout ».

  1. Livres sacrés et livres scolaires : contradiction et controverse

Alors que l’Afrique est décrite comme  terre d’hospitalité dans les livres sacrés, dans les livres scolaires l’Afrique est décrite comme  terre « sauvage ». Cette contradiction avait suscité une controverse à partir du XVIème siècle, période dite de la renaissance.

En effet, d’une part il y a eu ceux qui soutenaient la thèse selon laquelle l’Afrique est un continent « sauvage » et d’autre part les humanistes de la renaissance qui soutenaient que l’Afrique est une terre d’hospitalité comme attestent les livres sacrés. Mais ce débat a été évité depuis grâce à la conception de la doctrine selon laquelle science et religion sont incompatibles.

  1. Quid de l’incompatibilité entre science et religion

Une doctrine soutient que science et religion sont incompatibles. L’un des partisans de cette doctrine, à savoir  Dawkins,  défend avec véhémence l’idée que science et religion ne sont pas compatibles. Car, « science et religion sont engagées dans un combat que la science finira un jour par emporter » ([1]).

La victoire de la  science sur la religion ou la foi semble se dessiner du fait qu’ « aujourd’hui, le crédit de sacralité autrefois reconnu à la religion a été transféré à la science ([2]). Car, la  science  est interrogée pour expliquer l’origine du monde, l’origine de l’homme, l’origine de l’humanité, le mouvement des astres…Ce faisant, elle légitime les prises de position, leur donnant autorité et consistance ([3]).

Et pourtant, il existe une autre doctrine qui prône la complémentarité entre science et religion (ou foi). L’un des artisans de cette école, Albert Einstein, déclara ceci : «  la science sans religion est aveugle, la religion sans  science est boiteuse » ([4]). Mais cette doctrine n’est ni vulgarisée, ni enseignée.

De ce qui précède, l’incompatibilité entre la  science et la religion n’est qu’une idéologie qui a servi à effacer l’histoire de l’Afrique contenue dans les livres sacrés qui présente l’Afrique comme terre d’hospitalité afin de légitimer  la thèse de l’Afrique « sauvage », idéologie véhiculée dans les livres scolaires par la théorie de l’évolution.

Terre d’hospitalité, l’Afrique a joué un rôle de premier plan dans l’histoire de l’humanité  en tant que berceau de l’humanité et ses valeurs que sont l’hospitalité, la solidarité, la non-violence, la gouvernance, la palabre…Mais les livres scolaires présentes l’Afrique comme un continent sans humanité, sans histoire.

Ainsi, nous relançons le débat  avec la question de savoir l’Afrique est-elle une terre d’hospitalité comme l’attestent les livres sacrés ou une terre « sauvage » selon les livres scolaires. Pour répondre à cette question, la confrontation entre « science » et  « religion » semble inévitable. L’avantage de cette confrontation est que du « choc » de la science et de la religion « jaillira la lumière ».

[1]Sciences et religion sont-elles incompatibles ? – Foi en questions

www.foienquestions.eu/?p=119

[2] AKOUM. A., et al., Encyclopédie de la Sociologie, Paris, Librairie Larousse, 1975, p.404. 

[3] Lire Pinto, R. et GRAWITZ, M., Méthodes des sciences sociales, Tome II, Paris, Dalloz, 1964, pp. 873-875

 

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